L'attachement

04/03/2021

L'attachement

Le moyen de transport "corps" !

Dernières causes de souffrance citées par Patanjali dans les sutras yoga : l’attachement à la vie.
Oui, vous avez bien entendu ! Mais avant de nous offusquer...essayons de comprendre !


« L’attachement à la vie, lié au sentiment que l'on a de son importance, est établi même chez l’érudit. » (2.9)


Je me souviens, lors de mon passage à l’ashram Kaivalyadhama en Inde, qu’une des professeurs, la Dr Rajani Pradhan, spécialisée dans les Yoga sutras, avait conclu son cours en disant : « le corps n’est qu’un moyen de transport, vous savez. » Cela avait un peu interloqué l’auditoire et particulièrement nous, les Occidentaux, qui apportons à notre corps physique beaucoup de considération...  
Dans le yoga traditionnel, comme nous l’avons vu dans les précédents articles :

 
• D’une part, on nous sensibilise sur l’aspect impermanent de notre corps, et donc pourquoi s’identifier à quelque chose qui, par nature, nous échappe puisqu’il change tout le temps ? La mort n'est-elle pas simplement un nouvel état ?


• D’autre part, ce corps sensible, altérable, le corps tel qu’on le perçoit dans la vie ordinaire, nous guide vers la connaissance d’un centre inaltérable (sans souffrances) que chacun porte en soi, et que la pratique du yoga permet de découvrir. C’est-à-dire qu’en débroussaillant le chemin d’accès à nous-même, nous nous rapprochons du trésor...


Notre corps est donc plus un « moyen » qu’une fin. Et croire que nous « finissons » le jour de notre mort est, pour le yoga, une manifestation de notre ignorance. 
S’intéresser au « moyen de transport » corps est donc salutaire car, c’est bien connu, pour aller loin on ménage sa monture. Mais la quête quasi obsessionnelle de postures virtuoses et d’un corps parfait est-elle un facteur si primordial sur la voie du yoga ? La question est posée...
Patanjali, dans ce sutra, évoque l’instinct de vie qui se manifeste chez chacun d’entre nous, et même chez certains sages, nous précise-t-il. Car, pour le yoga, l’instinct est la résultante de manifestions d’expériences répétées de nos vies précédentes. Rappelons-nous des « samskaras », ces semences de nos actions passées qui transmigrent, d’où cette peur originelle qui peut accompagner même les yogis avancés. 
Mais au-delà des enseignements du yoga traditionnel, je retiendrai, surtout, le caractère presque immature de notre approche de la mort. Car ne pas accepter l’inéluctable n’est pas très différent de l’enfant qui ne veut pas descendre du manège. Comme lui, nous aimerions toujours faire un tour supplémentaire...