Refuser ou désirer ?

03/03/2021

Refuser ou désirer ?

Les expériences plaisantes et les souffrances éventuelles

« Le désir de prendre est lié à la mémoire du plaisir. » (2.7)

 

« Le refus est lié à la peur de souffrir. » (2.8)


C’est 2 sutras évoquent un mouvement de nature pendulaire qui pourrait constituer l’essentiel de nos vies. Il consiste entre une alternance de désir et de refus guidée presque exclusivement par le plaisir pour l’un...ou la peur pour l’autre. 
D’ailleurs si nous observons objectivement nos vies, nous constatons qu’effectivement nous souhaitons renouveler les expériences plaisantes et échapper aux souffrances éventuelles. Par exemple, nous aimerions retourner voir des concerts mais nous souhaiterions ne pas aller chez le dentiste...rien que de très normal en somme ! 
Pourtant Patanjali nous dit qu’en continuant de, systématiquement, « cliver » le monde, même lorsque ce n’est pas nécessaire, nous entretenons les conditionnements. C’est d’ailleurs la source de la plupart des intolérances et des postures « de principe », que nous portons, et dont nous pourrions remettre en question la légitimité si nous faisions l’effort de nous en rendre compte. 
L’époque nous encourage à émettre un avis sur tout, d’ailleurs à la fin de la pratique méditative, lorsque je demande aux pratiquants qui débutent de me parler de leurs perceptions, la plupart d’entre eux me donnent immédiatement une évaluation : « c’était bien » ou « je n’ai pas aimé », confondant ainsi le retour d’expérience avec l’émission d’un avis. 
Ce dialogue permanent, développera un peu plus les agitations de notre mental, mais surtout, il ne nous permettra pas d’accéder au lâcher prise. Car tant que nous serons « attachés », à ce point, aux plaisirs comme aux rejets, comment ne pas se perdre dans nos pensées périphériques comme un automobiliste tourne autour de sa destination sans jamais l’atteindre ?
Car la « mémoire du plaisir » ou la « peur des souffrances » ne laissent pas la moindre « chance au produit », comme disent les commerciaux, alors que décider de ne pas avoir d’avis sur tout, c’est se laisser l’opportunité de découvrir beaucoup plus de choses.
Le philosophe Schopenhauer disait : « La vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance (lorsque nous désirons quelque chose) à l'ennui (lorsque l’objet du désir est satisfait).  Patanjali, constate également une oscillation dans nos comportements : de la quête d’un plaisir à la peur d’une souffrance. 
Il s’agit donc de parvenir à « se centrer » dans la stabilité du corps, dans un équilibre qui transcende les rivages du plaisir, de la souffrance ou de la frustration.