23/01/2021
Accepter sans résignation, ni fatalisme
Comme promis, revenons sur le « non-attachement » parfois traduit par « lâcher prise ». C’est une idée que je trouve particulièrement galvaudée. En effet, il semble qu’elle se résume parfois à un conseil d’indifférence face à des évènements de notre vie qui pourtant nous affectent beaucoup...
Afin de dissiper ce malentendu, je me suis souvent servi de la signification classique bouddhique qui consiste à « accepter sans résignation, ni fatalisme ». Cela n’induit donc pas de passivité particulière, mais nous encourage à changer ce qui peut l'être mais également à accepter les choses à l’égard desquelles nous ne pouvons rien. Ce qui est, en soi, un sujet concomitant au yoga dont de nombreux gurus se sont emparés. C’est passionnant, eu égard à notre nature de mortel par exemple, dans notre approche de la souffrance, de la vieillesse et du deuil, entre autres.
Patanjali développe cette recommandation un peu différemment. Il nous dit dans les sutras 1.15 et 16 :
« Le non-attachement se produit lorsque nous n'avons ni désir ni soif pour les objets que nous pouvons percevoir et pour ceux dont nous avons entendus parler mais jamais expérimentés. »
« Quand il n'y a pas soif pour les gunas (substances du monde) en raison de la réalisation du Purusha (du vrai Soi), c'est le non-attachement suprême. »
Pour comprendre ces propos, je pense qu’il faut lire ces 2 sutras ensemble et, comme d’habitude, les interpréter au regard de nos vies contemporaines et occidentales. Car finalement, si Patanjali, nous propose de mettre fin à nos désirs, afin de calmer les agitations du mental (comme nous l’avons vu sur le 1er post) et donc de nous en libérer. Il nous dit surtout que, si cela se produit par la prise de conscience du véritable nous-mêmes (le fameux centre ou purusha), notre attrait pour les acquisitions de toute nature, disparaitra de lui-même. En effet, nous ne serons plus dupes face à nos désirs et l’importance qu’on leur prête, car aucun objet ne peut rivaliser à la découverte de notre propre richesse...tout y est déjà !